MARC-HENRI ARFEUX
OEUVRES LITTERAIRES, PICTURALES, MUSICALES, PHOTOGRAPHIQUES
Poèmes Inédits 2019
Premier regard du poirier.
Je tourne mon visage
Vers ce qu'il sait.
La lente blancheur vient en silence
Ainsi qu'un inconnu naissant de la lisière.
Premier Janvier 2019, 11h26
L’encre seule du silence traverse l’abandon.
Tu dors parmi les plis de son basalte clos.
La neige avance d’un pas.
Dimanche 27 Janvier 2019, 9h40
Des pivoines, en ce soir d'hiver,
Ne demeure que le nom
Sur un écriteau noir.
Lundi 4 Février,19h37
Les vitres immobilisent le paysage.
Ou bien est-ce lui qui les immobilise ?
Jeudi 7 Février 2019, 10h20
Des rumeurs d’hommes
Prétendent intéresser la solitude.
Vendredi 8 Février 2019, 8h16
Au bout des pas,
Le mont Fuji m'appelle
D'un rire de neige.
Dimanche 10 Février 2019, 18h37
Pour Bruno Geneste
Infatigable goéland de la lumière polaire,
L’homme en haut regarde.
La lune, les pierres levées,
La roseraie nue de l’aube
Répondent à son visage.
Celle qui détient les nombres
Et l’ambre ébène,
Ouvre les bras.
Vêtue d’envol et de visage,
Elle grave sur le silence,
A chaque anneau de son ailleurs,
L’étoile d’un arbre pur.
L’abeille du long voyage naît à sa bouche,
Avec la neige, les mousses et l’étincelle,
Traversant un à un
Les grands secrets du feu.
Mercredi 27 Février 2019, 13h46
Visage, dit le danseur de neige,
Visage
Dans la maison du feu masqué
Où colliers d’ambre, éclairs, ancêtres à mufle d’ours
Et chant d’étoiles
Entourent le récitant.
Et la fiancée de la fougère
Se souvient de jadis,
Quand source entre les roches,
Elle répandait les arcs en ciel
De ses enfances
Insaisissables.
Et la voici,
Devenue seule, écorce de bouleau,
Très pâle fumée cherchant le bleu béant de délivrance,
Tandis qu’à la lisière appellent sans fin
Les flûtes en os
Et les tambours aux doigts gravés qui la poursuivent.
Visage, dit le danseur de neige,
Visage dans le voyage abandonné
De la lueur
Qui hante et tremble
Par le vide,
Comme un esprit sans nom.
Vendredi Premier Mars 2019, 9h53
Dans le vent d'automne,
Les arbres se souviennent,
Tandis que les rivières,
Nervurées d'aubes,
Remontent vers le printemps
Intemporel.
Les deux orants
Suivent un sentier de digitale et d’épilobe.
Leurs ombres épanouies
Traversent l'or de la lenteur
Où de petits chevaux
Couleur de roche, de fruits et feuillages,
Depuis toujours
Parcourent les herbes longues,
Ainsi que des porteurs d'offrandes ;
Et l'un et l'autre voyageur ouvrent les bras
Pour mieux atteindre et contenir
Tout le faucon de la lumière,
Puis naître en lui,
Selon l’écume et l’horizon.
L’un parle aux galets tendres,
Et l’autre le regarde en appelant
Silencieusement
Les trois bougies de la tempête.
Les trois bougies sont quatre.
Chacune ouvre une maison de solitude
En laquelle immobile
S’accomplit une absence,
Par la révélation d’un grand visage
En dormition.
Le lait, la cendre et le santal
Descendent en arbres inverses
Jusqu’à leurs lèvres closes.
Et la veilleuse, assise en sa douceur,
Comme un jardin de calme pur,
Est une conversation de songe
Qui ne dort pas,
Mais s’ouvre et
Sans attente,
Attend le geste nu
Et le matin du bronze
Ouvrant successivement tous les vantaux de son retour
Au double cavalier,
Pollen allié au sel, au vin d’étoiles, au vent,
Lisière devenue jour
Immensément.
Lundi 4 Mars 2019, 10h31
Maison assise
Rêvant de ciel,
Elle tient au sol
Par la foudre immobile
D’un arbre nu,
Faucon d’hiver
Aux mille sentiers de sources
Vibrant au bout des doigts,
Comme des clavecins.
La pluie aime à toucher
Ses minces paupières,
Semer le grain de l’embellie
Qui tout à coup se lève
Et marche dans la chambre
En allumant tous les objets.
Trois fougères,
Patientes et discrètes
Comme les chats,
Veillent auprès du seuil,
Avec les herbes pures
Et le sentier des escargots.
Je m’allonge en son silence,
Laissant la barque mystérieuse
Qui vit en elle,
Secrètement dériver.
Lundi 4 Mars 2019, 13h06
De lents chevaux défilent
Sur le rivage des grands bûchers.
Sans cavaliers, ils vont solennellement
Devant le pays fauve de l’horizon
Comme des figures d’éternité
Sur le linteau d’un temple.
Leurs pas égaux épousent
Le très parfait silence des labyrinthes
Où veillent les urnes séculaires.
Captif de leur beauté,
Je les regarde sans mouvement,
Passer en moi
Comme des statues,
Et les flambeaux de leur vapeur
Écrivent les noms premiers
Sur les parois d’orage.
Leur sang contient les arbres d’aube,
Le chant des graminées
Dans la lumière d’automne,
L’oiseau des pierres
Et les visages en infini
Depuis l’éveil.
Je suis leur fils dans l’étonnement,
Et les fils de leur fils,
Accompagnant les longues averses grises
En chemin vers l’absence,
Là où regards et clés
Se réunissent
Dans le parfum du cèdre mûr.
Mardi 5 Mars 2019, 19h31
Du marbre à la pivoine,
L’impalpable du temps.
Dimanche 17 Mars 2019, 10h18
Vivre est offrir
La floraison d'un silence
A la rauque espérance
De l'aube.
Être cygne ou saule,
Rocher ou chemin de feuilles sèches
Entre les tiges de l'air,
Être loin de soi
Dans l'ailleurs d'un visage qui précède,
Au seuil sans cesse recommencé.
Lundi 25 Mars 2018, 8h25
Dans le ciel tu te promènes
Parmi les brins lumière,
Et nuit secrète entre eux.
Tu n'as de nom que par silence
Au fur et à mesure de ton passage
Contre la joue du temps.
Ta forme est abandon à ce jardin de source fine
Où sont les heures,
Et tu existes d'un pétale tenu longtemps
Sur le clavier de l'air.
Lundi 15 Avril 2019, 9h29
Dire à la nuit que la folie
A l'envers de la rose,
Dire au silence le cri de la forêt
Cherchant la clé de ses feuillages,
L'encerclement de la morsure,
Le nom de la beauté frappée d'épines,
La main de la lumière amoureusement,
Le chant vivant des pierres ouvrant les yeux,
L'enfant des pas dans le jardin de la couleur,
L'aura réverbérée de l'immobile
Comme un parfum qui se répand ;
Dire à mon coeur l'immémorial.
Lundi 15 Avril 2019, 22h36
Celle qui rêve de mon rêve
Marche devant moi.
Et je deviens,
Comme un cristal ou un rosier,
Chemin d'autre visage
Selon les autres noms
Qui sont aussi les miens,
A chaque instant de jour
Dans les carrefours entrecroisés.
Autant de seuils et de silences
Réverbérés
Sous le rameau de la lumière
Mouillée
En attendant le chant lustral
Du presque soir.
Dimanche 28 Avril 2019, 14h21
Tu marches en ce cristal
Inachevé,
Parmi les sources, les plantes,
Le cheminement des paysages
Et tout le ciel étonné de silence,
Comme si le monde et toi
Pouviez toucher d'avance
Un fin visage en forme de
Réponse.
Mais tout demeure,
Au plus lointain de la lumière,
Cet incertain rosier
Qui cherche son abeille,
Et toi, comme un cheval
Égaré sur la lande,
Tu vas sans mots en respirant l'absence
Et son double lunaire,
Cerné par la souplesse de l'horizon.
Mardi 30 Avril - Mercredi 1 Mai 2019, 10h10
Le soir écoute
La lente méditation
De la lumière.
Bronze immobile,
Comme une lanterne
Attend la flamme
Et le contour du visiteur.
Les portes encore scellées
Respirent l’encens
De cette heure pâle
Où glisse un papillon
Plus léger que l’oubli.
Marc-Henri Arfeux, jeudi 2 Mai, 17h15
L’ombre des iris
Encore plus bleue
Que la force du ciel.
Lundi 6 Mai 2019, 10h08
Pour Claire L’homme
Le soleil est une oreille que tend la lumière
Pour mieux écouter le murmure du jour.
Samedi 11 Mai, 8h55
Terre étoilée d'une aube à ton épaule,
Tu marches, avec l'esprit de la lumière,
Comme un rosier parcourt
L'orbite entière de son parfum
Jusqu'à l'écho d'un papillon.
Samedi 11 Mai 2019, 8h11
Tu voyages en ce jour,
Comme un regard désorienté,
Le reflet d'un oiseau,
Ou le lait du lointain,
Ou la fumée couleur de riz,
Montant du bol de long silence.
Et ce n'est pas errance,
Mais dévotion à l'incertain
Qui te conduit,
Sans guide,
Entre les pans flottants
De cette apesanteur
Nommée le monde
Où tu existes,
A peine plus net et rassemblé
Que la pensée d'une eau diffuse.
Et cependant, de non ici
En non ici,
Cette étincelle
Reparaissant
Selon les intervalles
De sa disparition,
Comme la rayure d'un seuil
A la surface de son inverse.
Dimanche 12 Mai 2019, 9h19
Immobiles dans l'émotion,
Les iris contemplent des hommes
Fleuris de parapluies.
Dimanche 19 Mai 2019, 12h54
La tête à l'axe vertical
De l'altitude,
Là où ne sont,
Ni les hauteurs ni les en bas,
Chemin,
Urne d'espace déverrouillé,
Selon les orbes
De lenteur,
Ainsi qu'une barque ébène offerte
A son immense ;
Tu es plus loin que tous les je,
Tout autre
Et soi
Parmi les nombres voyageurs
Formant
Dans le collier de leur silence
La forme pure
En expansion.
Jeudi 30 Mai 2019, 12h04
Matinée de pluie.
Ton visage inconnu
Traversant le silence
Vendredi Premier Juin 2019, 15h19
Tant de poètes
Que les pigeons ne savent
Où se poser.
Mardi 11 Juin 2019, 7h29
Excès de poètes.
J’ai mal aux livres ce matin.
Vite, une pivoine !
Mardi 11 Juin 2019, 8h30
S'envoler de silence.
Puis, sous le bleu désert que fleurit
La lenteur
Infinie de ce jour
Si long à vieillir,
Le chant,
Un,
Le chant
Seul,
Saluant les pollens qui peuplent l'altitude,
Et l'abandon, la pierre d'apesanteur,
Le loin.
Tout est immémorial,
Espérant par azur,
Et psalmodiant, grain après grain, le collier tendre
De l'absence.
Mardi 11 Avril 2019, 18h26
Que serait ce monde
Fardé de poudre en bleu et or
Sans nostalgie première d'un chant
Retenant la lumière
Au bord du rien ?
Le seul regard de celle qui psalmodie le long désert ouvert de l'horizon
Suffit à refleurir l'attente à l'heure de son adieu.
Jamais tendresse de jour disparaissant
Ne fut plus frémissante et nue, comme le poignard d'un lent parfum,
Jamais la gorge rauque du ciel si mauve,
Jamais tes mains gravées si mystérieuses,
Comme la douceur insaisissable et silencieuse des chauve-souris
Dans la finesse du temps.
Vendredi 14 Juin 2019, 9h41
Un pétale sur le Fuji,
Le riz de l'aube.
Puis la fumée du bronze
Qui lentement résonne
En visitant le ciel.
Sourire de l'horizon.
Le thé de l'âme.
Dimanche 23 Juin 2019, 10h01
Pour Silvaine Arabo
Je songe à certains matins
Où fleurs et gouttes
Échangent leurs noms,
Devenant ce voyage
De planètes inconnues
Secrètement parfumées.
Le thé de la lumière
Les visite seul,
Comme la respiration des yeux
Trouve un écho
Dans la buée des vitres nues.
Il ne faut plus alors
Que s'avancer
Parmi les froissements bleus de l'herbe
En épousant,
Mains traversées par le silence.
Mercredi 26 Juin, 12h41
Une petite chienne
Tourne sans fin dans ce jour
Assoiffée d’étoiles.
Samedi 29 Juin 2019, 13h31
A Sète, les croissants
Ressemblent à des crustacés
Prenant le soleil
Samedi 29 Juin 2019, 14h44
Suis le fil incolore de toujours.
Le pêcheur en azur
Finira bien par te conduire
A la cabane de nulle part.
On y entend les libellules
Réciter une à une les étincelles
Qui ont formé ce monde.
L'odeur de l'eau dormante
Regardera
Entre les nénuphars dorés
De ta mémoire,
Et tu seras peut-être déroulé sur l'air
Comme une écharpe transparente
Offerte à la beauté.
Samedi 29 Juin 2019, 17h05
Pour Lorraine Pobel
Le jour brode une amande
Qui a le nom de l'hirondelle.
Sans fin, il tourne en remerciant
Dans le jardin du bleu
Où son visage est réuni
Dimanche 30 Juin 2019, 7h52
Rue de chaleur jaune.
Une robe emporte ses jambes.
Le bâillement d’un chien.
Samedi 6 Juillet 2019, 7h00
Pour Michel Baglin
Le visage d'un homme est ce lever de monde
Qui s'émerveille, s'aventure en clarté,
Rejoint tous les visages
En leurs oiseaux vibrants,
Comme des pollens offerts,
Des plis de scintillement au grand drapé du jour,
Des pétales inventant des parfums inconnus
Dans la lenteur du temps.
Le visage d'un homme est ce visage,
Ici et maintenant dans le jardin de mon regard
Qui le reçoit, unique entier multiple
Et pour toujours,
Autant que je vivrai.
Mardi 9 Juillet 2019, 19h30
Écoute l'immobile,
Ce bleu profond naissant de nuit
Devenue l'aube
Ainsi qu'une main
Ouvrant les signes de sa paume
A la soif la plus pure
Par la tendresse d'un seul oiseau.
Écoute
Le lent lever pyramidal du bleu
Montant
Comme un patient voyage
Offrant le chant de lent silence
Ému jusqu'à la neige,
Tandis que tu deviens
Selon sa face.
Écoute
L'oubli du je
S'épanouir
Par la lumière agrandissant l'immense
Où tu es vide
Empli
Selon le soi.
Vendredi 12 Juillet 2019, 10h57
J'aimerais savoir
Jusqu'où tes pas me conduiront,
Beau parfum du silence,
En cette allée déjà lunaire
Où le jour en glissant demeure un sable pâle.
Tu ne dis mot, tournant la nuque,
Comme si tu n'étais rien que l'invisible d'un regard
Cherchant la clé de ses détours.
Je ne te connais pas
Bien que tu sois des familiers qui m'accompagnent
En devançant mes yeux.
Je sais que je ne suis que ton fantôme
Et je ne veux
Que suivre sans retour
L'absence dématérialisée
De ton désir.
Jeudi 11 Juillet 2019, 10h26
Écoute l'immobile,
Ce bleu profond naissant de nuit
Devenue l'aube
Ainsi qu'une main
Ouvrant les signes de sa paume
A la soif la plus pure
Par la tendresse d'un seul oiseau.
Écoute
Le lent lever pyramidal du bleu
Montant
Comme un patient voyage
Offrant le chant de lent silence
Ému jusqu'à la neige,
Tandis que tu deviens
Selon sa face.
Écoute
L'oubli du je
S'épanouir
Par la lumière agrandissant l'immense
Où tu es vide
Empli
Selon le soi.
Vendredi 12 Juillet 2019, 10h57
La cendre du silence
Suit ses pas
De pénombre en pénombre.
Celle qui marche en moi,
Visage cerné de neige
Et la blessure fermée de non réponse
En lieu et place de tout baiser,
Connaît chacun des plis et des couloirs
De souvenirs qui ne sont pas les miens,
Mais voyagent,
Impassibles et plus anciens
Que les cités abolies
Dont ne demeure que l’os
Dans la poudre d’or des millénaires.
Comme elle, ils sont impersonnels
Et passent de songe en songe
Dans les souterrains de chaque homme
Qui les ignore le plus souvent.
Parfois quand ils s’arrêtent sur un seuil,
Retenant l’incolore
De leur respiration,
L’ombre hésitante les révèle un instant,
Guettant au bord de la lumière
La voix qui les nommera.
Lundi 22 Juillet 2019, 17h09
Six matins d'été (ou un seul)
Matin d’été
Ma bouche se souvient encore
D’un baiser de neige.
Matin d’été
La cigale n’en peut plus
D’autant travailler
Matin d’été
La fourmi déambulant
Sans aucun souci
Matin d’été
L’après-midi reviendra
Hanter la chaleur
Matin d’été
La robe émue jouant
À m’enlacer
Matin d’été
Poète déjà épuisé
D’autant de paroles
Mardi 23 Juillet 2019, 18h38
Six Haïkus de nuit (ou le même)
Haïku de nuit
Fraîcheur des petits crapauds
Jouant de la flûte.
Haïku de nuit
L’averse soudaine ouvrant
Tous les parfums noirs.
Haïku de nuit
Étoiles voilées de chaleur
La résine s’égoutte.
Haïku de nuit
Quel oiseau murmure au loin
Pour la lune absente.
Haïku de nuit
Tous les pas évaporés
Le jardin désert.
Haïku de nuit
Seule une fleur de magnolia
Se souvient de moi
Vendredi 26 Juillet 2019, 23h27
Pour Roselyne Sibille
Je songe à la lune
Voyageuse d'un autre ciel,
Seule et transparente
A l'heure du sable,
Comme un souvenir
Et sa fumée.
Une allée pâle
Efface les traces
De celle qui s'est enfuie,
Laissant les batailles d'hommes
Aux batailles d'hommes.
S'allument graduellement
Parmi les troncs
Les lanternes en granit
Conduisant loin parmi les troncs.
Assis dans l'herbe floue,
Le pavillon l'attend,
Portes ouvertes au lent parfum doré
Du soir,
Et la douceur est telle
Qu'on entend les eaux fines
Respirer sous les fleurs.
Dimanche 28 Juillet 2019, 16h06
Blé mûr du silence
Poème errant si seul
En ce monde absent
Dimanche 4 Août 2019, 18h37
Cette échancrure pâle
Où luit l’épingle d’un sein
Après-midi lente
Dimanche 4 Août 2019, 19h31
Nagasaki
Les ombres des visages
Privés de noms
Errent à jamais parmi les vides
Entre les murs absents.
Ni lampes émues, ni voix réverbérées
N'accompagnent leurs cendres
A l'envers de l'oubli.
Donne à chacun si tu le peux
L'asile d'une fleur
Aussi légère que le bleu nu
Où disparaissent et reparaissent
Le oiseaux égarés.
La ville n'est rien qu'une paume écorchée vive
Que nul ne saurait lire,
Et l'horizon demeure
Ouvert abandonné
Comme un linceul
Qui ne contient aucun osselet.
Subsiste seule dans les tympans
La psalmodie de l'air à l'heure zéro.
Vendredi 9 Août 2010, 13h10
Ce monde et moi recevons l’aube
En un même étonnement.
Une fourmi seule dans la rosée de la lumière
Traverse le silence.
L’allée s’avance entre des fleurs et des feuillages
Qui n’ont encore trouvé leur nom,
Mais portent témoignage de la beauté
Que rien ne justifie
Sinon l’attente et la question
Par évidence
Ouverte
Aux nombres d’émotion.
Même le sourire de l’heure
Est seuil indéfini
Cherchant réponse dans le parfum d’humus
Qui l’accompagne,
Ou la statue d’un chèvrefeuille.
Et je ne sais si la buée de mon désir
Est plus réelle que ce jardin où je m’absente
Selon le pas de mon oubli.
Il n’y a que la lune
Pour assembler mon peu de vide
Et de lueur
Sous la tendresse de son pays natal,
Tandis que je franchis mon ombre,
Me demandant quel sable nu,
Ou quel visage
S’écoule entre mes doigts,
Comme si j’étais un invisible.
Mais je demeure entier
Cette pulsation de solitude
Jamais si proche de retrouver
Ce qu’elle ignore
Que lorsque s’abandonne
L’habit de son exil,
Comme de la cendre balayée
Parmi le bleu du jour,
Et que, sortant de l’inutile effort,
Elle redevient
La pure stupeur d’acceptation
Offrant regard à l’inédit.
Lundi 2 Septembre 2019, 11h07
Pensant aux deux vaisseaux Voyager
Deux voyageurs aux disques d'or
Franchissent.
Par eux aussi te voici loin de toi
Et de tout homme,
Tandis qu'assis parmi le cercle des sourires,
Dans ce matin de vitres ouvertes à l'écharpe de l'air,
Tu reçois de la rue des cerisiers d'oiseaux,
Des enchantements de pas aux tympan de l'asphalte,
Des voix d'une légèreté d'envol,
Autant de dons formant nuées de fins pétales
Offerts au très limpide.
Respire en toi tout l'immobile
Dans sa clarté d'espace
Épanoui.
Dimanche 8 Septembre 2019, 9h44
Passant un col,
Accompagné d'un pin qui me prépare au bleu,
Je m'aperçois que j'ai laissé mon nom
Sur l'autre bord
A l'ombre d'un rocher.
Devant mes pas, le long parfum de l'herbe,
Et les vallées, d'autres montagnes,
Jusqu'au sommet de l'air.
Ailleurs, à l'opposé des nuits,
Fleurissent aussi des paysages que nul ne saurait dire,
En des mondes inconnus,
Et moi, debout devant ce jour qui accomplit les seuils
De ses naissances,
Je ne sais plus si je suis Un,
Ou vide
A la manière des graines
Qui roulent entre les pierres,
Ou reflet de visage dans le les reflets disséminés
Qui peuplent la rosée comme des insectes purs
Et sans mémoire sur leurs chemins inaccessibles,
Ou simplement, la vibration d'espace
Qui transporte l'absence
Au lointain du regard.
Samedi 14 Septembre 2019, 8h29
Pour Cécile Guivarch
Regarde le jour traverser un cristal
Comme un lent cheval dans la lumière de l'herbe humide
Avec autour de lui tout le chant de l'altitude
Jusqu'à à la lune presque bleue.
Regarde le jour au côté du cheval
Et le cristal et l'herbe parfumée d'abeilles
Et le pendule d'une alouette
A l'aplomb de l'heure.
Vendredi 20 Septembre 2019, 7h48
Ah le silence de la première feuille
Touchant à peine le sol,
Comme l'ongle de l'immatériel !
Samedi 28 Septembre 2019, 13h26
Je suis à l'aube,
Tenant une pierre
Qui est une lampe
Ouvrant des graminées d'oiseaux.
Tous ont suivi l'encens
Et dépeuplé l'attente.
Restent la lune
Et l'adieu des lisières
Sur le pays de haut silence
Où devient le visage
De la disparition.
Samedi 19 Octobre 2019, 18h14
Quel est le nom de ton nom ?
Quel brouillard accueille ?
Quelle forme se libère ?
Du contour à la forme seule
Comme un adieu qui s'enfonce
Parmi les taillis,
Selon la courbure, elle aussi seule
De son éloignement.
Quelle est l'absence ?
Mercredi 30 octobre 2019
J'appartiens aux lueurs,
A ce jour éloigné
Traversant les fougères
Devenues rouille et noir
Dans leur exil mouillé.
J'appartiens aux non lieux
De nul pas reconnus,
En ces vallées d'écart
Où, quelquefois, l'éclat d'un geai
Déchire.
Dimanche 10 Novembre 2019, 8h03
Crépuscule errant
Ce haïku cendré d'automne
Frôlant ma fenêtre
Vendredi 22 Novembre 2019, 19h11
La pierre et moi sommes seuls
Avec le temple matinal,
Comme deux visages
D’un même jardin.
Lundi 25 Novembre 2019, 23h19
Jeu de peau, ton nom seul
Unissant le visage,
Matin de l'ambre nuit,
Ta main contenant goutte
Ainsi que l'écriture de fine étoile
Au lobe sépia de ce silence,
Comme une oreille enroulée à l'envol
D'un bois musqué au creux des lunes,
Comme double rose
Invoquant le daim blond.
Mardi 26 Novembre 2019, 17h28
Pour Eric Lebrun
Loin est le nom de la couleur,
Goutte à goutte,
Penchant les yeux sur ton attente.
Vitrail de la joue tendre.
Le monde est ascension d'offrande.
Comme silence naissant aux floraisons.
Tout un jardin d'oiseaux
Ouvrant visage
Au bord de son ailleurs.
Clochers de la lumière
Cherchant le seuil
A l'heure safran.
Samedi 30 Novembre 2019, 18h25
Ne suis que le silence
Touchant successivement les noms
Dans la rougeur
Où brume et songe diluent
Tout l'inutile.
Sois fidèle à l'absence,
Au compagnon tremblé
D'un arbre ou d'un rocher
Dans l'heure indéfinie de l'effacement
Qui lentement voyage de ton voyage
En t'emportant,
Comme un léger parfum
De vide et de substance.
Et la lueur de l'huile camphrée
Suit à la trace
L'itinéraire anticipé de tes ossements
Tels que le vase de ton bitume
Les recueillera.
Le pin se penche, à jamais vert d'une eau mouillée
D'étoiles.
Dimanche 1 Décembre 2019, 14h34
Kaolin des rêves,
Apprivoise la forme pure,
Légère fumée sur le vide,
Humidité d'un souffle à peine frôlé
A la surface de la lumière
Nue.
Année par année,
Monte une âme figurant ce monde étonné
Nageant parmi le rien de ses images,
Encens de silence,
Lotus des mains unies.
Jeudi 5 Décembre 2019, 17h40
Pour Nimrod Bena
Le lointain des yeux clos
Rencontre le visage.
Un chant secret se glisse
dans la respiration des lampes.
Puis le chemin ouvrant la neige
Et la mémoire de la fougère
Conduisant au perron
De la demeure épanouie
par haute enfance.
Dimanche 8 décembre 2019, 9h30
Qu'as-tu fait de ta vie ?
Presque tout
Des haïkus
Vendredi 13 Décembre 2019, 10h09
Avoir soif et ne pas crier,
Mais clore les yeux
Ainsi qu'un vase
Couleur d'attente et de neige
Autour de la flamme.
Taire le silence
Et naître en soi dans l'intervalle
Où le galet, la rose et la bougie
Répandent
En cercle éveillés
Le miel.
Dimanche 22 Décembre 2019, 10h19
Tu es un silence qui résonne
Entre les paumes des falaises,
Cymbales battant l'oubli.
Ce vide est un couloir de fleur ascensionnelle en toi,
Offrande en ta poussière de scintillant mica pulvérisé d'azur.
Tu entres par l'oreille des vents comme des torrents de glace
Avec les blocs détachés du temps qui ne cessent de heurter,
La folie des visages comme des crécelles de lèpre,
Le déferlement nu des mots couleur de marbre ensanglanté.
Tu deviens sans cesse au sillon des mondes arrachés par longues herbes mauves,
Dans le tourbillon des voix, des batailles et des heures maculées,
Dans la cendre pesée par boisseaux lunaires qui l'effacent.
Retourne au silence du silence.
Ouvre les yeux au bord d'un autre loin
Lent et désert comme un matin où tu es seul
Avec les étamines des hirondelles dilatant les distances,
Les bougies claires devant les transparents
Qu'elles remercient de ce parfum de cire et de fumée qui est aussi leur âme.
Les linges du lait, de l'ambre et de l'encens, sont déroulés devant les braises.
Ne reste que ce jour, égal jusqu'à son horizon d'apesanteur,
Cet acquiescement de lèvres immobiles
Et le respir, modulant les vallées une à une accomplies
Sur l'invisible paume et son voyage.
Mardi 24 Décembre 2019, 18h36
Sur un tableau d'Henri le Sidaner
Jardin de décembre
Les chaises assises dans la neige
Conversation bleue
Mercredi 25 décembre 2019, 8h46
Cerisier d'hiver
L'encens, la neige et l'absence
Je n'ai plus de nom
Dimanche 29 Décembre 2019, 9h09