MARC-HENRI ARFEUX
OEUVRES LITTERAIRES, PICTURALES, MUSICALES, PHOTOGRAPHIQUES
Poèmes Inédits 2017
Quand tu rencontreras l'absence,
Veille à lui dire silencieusement
Le signe de la lampe
Longtemps formée
Par le lointain des vitres pures
Que l'on ne voit
Dans la beauté de l'abandon,
Jardin fermé de ce brouillard
Lundi 2 Janvier 2017, 12h39
Viens un matin, la neige y veille,
Assise dans l'or secret de ton absence.
Elle regarde aux lisières
Le feu naissant de ton voyage,
Avec l'encens, l'ébène et le silex.
Samedi 7 Janvier 2017, 19h53
Dîtes au Fuji que le silence habite
Un matin pâle,
Avec la barque du brouillard
Où je voyage d'un bord à l'autre du sourire.
Samedi 7 Janvier 2017, 20h07
Quatre en un Seul, plus un envoi, poèmes pour Abigail Stern
(Sur une œuvre intitulée : Lotus Sutra: Rain of Mandarava, 2013)
I
Lotus est un chemin de riz dans le silence,
Blancheur de la parole qui se déroule
Comme un ruban de linge, entre linceul et langes.
II
Le seuil est neige,
Membrane émue de fin papier
Limpide
Où les étoiles idéogrammes
Ont brodé ce visage.
III
La pluie rêvée de Mandarava,
Pluie noire et or comme les ardoises
Incrustées de fougère.
IV
Souviens-toi de la pluie,
Tandis que neige
Sans fin dans le silence
Le mot écrit de tes cheveux
Pour le lotus.
Envoi
Cet Ange est un chemin jusqu'au regard
Visitant le matin.
Entend son pas tissé sur la lumière.
Dimanche 15 Janvier 2017, 14h46
Envoi
Dis à la neige que je l'attends
A l'entrée du domaine,
Là où visage, lueur et geste du silence
Ont seuls
Plein droit de résidence
Par chiffre d'immobile.
Dimanche 15 Janvier 2017, 18h32
Ta lampe orage,
Fuji de bleu basalte nuit,
Livre passage
A ce battement de coeur,
Chardon de neige
Devenu foudre circulaire
Du signe net à l'absolu.
De cet instant,
Le chiffre
Pur
Autour de son blason,
Tandis que silencieuse,
L'horizontale adoration
Devient sauvage épouse
Des eaux
Devant l'immense
Qui se lève en naissant
Selon le sombre amour
Dimanche 15 Janvier 2017, 19h18
Trente-six fois consécutives, le peintre souriant
Revient ouvrir la porte.
Le jour qu'il est va et vient lentement.
Chaque fois, le mont Fuji tourne les yeux
Et le contemple sans un mot.
Samedi 21 Janvier 2017, 10h28
In memoriam Anne Perrier qui nous a quitté si discrètement le 16 janvier dernier :
La jeune figure de neige
Traverse le silence à l'heure
Du solitaire.
La suit,
Dans l'immobile instant,
Le bleu du songe
Né de ses pas.
Samedi 28 Janvier 2017, 14h45
Pour Françoise Cuxac en écho de ses oeuvres et particulièrement du "Veilleur" :
Sortie de Nuit ( selon un panneau vu en gare de Vic sur Cère)
Le veilleur des visages habite une chambre nue,
Basalte, ébène et nuit,
Où l'ossature des papillons est un clavecin lunaire.
L'avenue pâle et vide, à pas lents de tilleuls,
Suit la fiancée jusqu'au désert de cette horloge.
La gare est le tombeau qu'elle veut hanter
De ses jumelles,
Poupées d'aiguilles en doux manteaux de musaraigne.
Elle dort entière ainsi qu'un marbre,
Lèvres cousues selon l'ailleurs,
En marchant sous l'étoile
D'un haut volcan de larmes,
Offrant au songe indifférent
Les rosiers frais de son corsage,
Tandis que le charbon de ses mains fines
Incendie le silence.
En train, peu après Neussargues, mercredi 15 Mars 2017, 14h40
Sur le chemin du cerisier,
Pétales traçant les lignes du matin
Devant les pas de la rêveuse.
Ce mardi 28 Mars 2017, 20h03
Si les poissons préfèrent se taire
Selon la règle de la Carpe,
C'est qu'au Carmel de l'eau dormante
Ils songent
Aux grandes visions
Que les reflets enfants
Révèlent
A la maya de la surface.
Bouddhas des algues douces,
Priant et psalmodiant parmi les beaux galets
Et des chapelets de bulles,
Ils préparent en secret le rosier d'un envol.
Samedi 1 Avril 2017, 9h08
Te souviens-tu de la pivoine,
Brumisation de la couleur
Dans le silence écarquillé,
Après la pluie ?
Te souviens-tu de la lumière
Cherchant la clé de son pollen,
Et sans un mot, revenant sur ses pas,
Dans le sable unanime des yeux luisants ?
Te souviens-tu de ce parfum
Naissant du lourd feuillage
Où l'on voyait se rallumer
La fine irisation du soir ?
Mercredi 14 Juin 2017, 18h52
Boire le silence
Au bord du soir
Dans une allée
Que seul visite
En invisible
Un feu latent,
Parfum de la pivoine.
Dimanche 25 Juin, 10h12
Et la lumière nommant la pluie,
Dévoile en lent amour
L'arrière-pays de la présence.
Vendredi 30 Juin 2017, 11h24
L'été d'un lent jardin
Ouvre lumière
Par cet orage épanoui,
Maison feuillée
Du parfum noir.
Puis le chant d'un tilleul,
Très mûr
Sur les chemins de l'eau,
L'épaule crépusculaire
De ton silence,
Les draps
Luisant d'un léger vide
Offert
Et le bouquet de la distance.
Samedi 1 Juillet, 11h01
Naissance de la lune
Au pelage d'une haleine,
Jardin voué au bleu
Le bleu le bleu
Le Seul et bleu lumière
En bleu sans fin dans l'étendue,
Pour mieux tenir au centre de sa paume
Le bleu lunaire du blanc.
Lundi 3 Juillet 2017, 20h20
In memoriam Pierre Henry
Blanc pur et son éveil
Dans l'absolu
De son voyage.
Le temps s'efface
Pour la lumière.
Mercredi 12 Juillet 2017
Averse d'été
Deux chats songent
Au singe de Bashô
Mardi 18 Juillet 2017, 9h22
Pour mon très cher ami d'enfance Jean-Christophe Marchand, à l'occasion de son anniversaire :
Je songe à cet ami
Qui marche à l'horizon,
Vêtu de vent, de transparence
Et d'incertain.
Je songe à lui, sous le mouvement de la lumière
Où silencieuse est la réponse.
Le monde étend sans fin le haut lointain de son attente,
Et les visages qui se rencontrent au gré de l'heure
Sont les pressentiments de son feu pâle,
Bougies d'avant lisières dans la distance,
Promesses d'un nom jamais formé qui se rassemble
A l'invisible de l'orient.
Mardi 8 Août 2017, 8h18
Liturgie du brouillard.
Matin de lent chemin mouillé
Montant parmi les troncs d'un rouge ancien
Qui te rappelle un seuil
Enfoui sous les fougères.
Lundi 14 Août 2017, 9h48
Tu suis le long chemin
De cendre nue
En ce matin d'éveil
Où toute image est floraison de gris
Mouillé,
Jusqu'à ce pas ténu qui t'accompagne
En habit de silence.
Mercredi 30 Août 2017, 9h22
Les montagnes de Pluton
Jouent à saute-mouton
Sur la laine bouclée des houles
Que son océan d'azote
Tricote tricote.
Jeudi 28 Septembre 2017, 22h50
La nuit,
Très pâle et dépouillée,
Demeure à l'aube,
En ce jardin de neige
Où la bougie lunaire
Ecoute
Le temps.
Vendredi 29 Septembre 2018, 9h40
Vie sinueuse aux pas mouillés
L'encens des pins te conduit au mystère
De ce chemin pavé qui cherche son chemin
Dans la maison
Sans fin réverbérée sur le silence.
Te suit, t'effleure et te précède
Un visage inconnu dont tu contiens le nom
Ainsi que fruit de la lumière
Entre des mains de lampe.
Toujours un seuil ouvrant les seuils.
Mardi 3 Octobre 2017,12h05
L'aube est absence
Comme un drapé
Mouillé par l'invisible.
Mercredi 11 Octobre 2017, 15h43
Le matin d'hirondelle
Rejoint la joue de lune
Où le pollen est bleu
Comme un lever de neige.
Samedi 21 Octobre 2017, 11h09
Alors que nous n'allons pas tarder à change d'heure pour passer à celle de l'hiver, avec les cadrans pâles et mystérieux de ses joues polaires, il est temps de songer à :
L'évasion de montres molles,
Ou persistantes par étirement de leur substance au pays de mémoire,
Montres en tout cas s'écoulent,
Ou bien se glissent le long des parois brunes et impassibles
Du piédestal du temps
Afin de s'échapper en heures insaisissables
Flottant loin au-delà de tout irréversible linéaire,
Des heures qui savent se déformer comme des bulles de savon
Dont n'éclaterait jamais l'atoll
En un par le pluriel,
Continuant de dessiner tous les volumes et tous les jeux des infinies géométries pour donner lieu à
Des temps à deux faces, à des temps circulaires,
Des temps triangulés, des temps dédales, des temps en échos,
Des temps aux sentiers qui bifurquent et ne cessent de pourtant se rencontrer,
Des temps qui montent et qui descendent simultanément,
Des temps sans fond, des temps lisses comme la neige,
Des temps en miroir, des temps perpétuellement naissants,
Des temps sans temporalité, des temps en marqueterie,
Des temps roulant comme des pluies de billes
Et ne cessant de tinter en s'entrechoquant dans la cathédrale entière,
Des temps limpides voguant sur d'autres temps,
Des temps ouverts comme des livres aux milliers de pages dont chacune est un
Temps ouvert comme des livres aux milliers de pages,
Des temps serrures dont tourne lentement la clé......
Samedi 28 Octobre 2017, 11h51
Connaissance de Mars
Vers le silence, dans le silence,
La lente curiosité humaine
Hantée d'horizon nu,
S'avance dans le si loin que rien ne la recueille.
Là-bas est seule maison
Ouverte au vide,
Où perdre tout visage,
Sans fin dans la poussière du temps.
Lundi 6 Novembre 2017, 13h31
Les braises de ton visage
Sont encerclées,
Et l'aube, à peine formée
Sur la bougie du vent,
Te cherche au plus profond.
Tu hantes, et crie d'un nom muet,
Drapé de rien
Comme une statue
Liée d'oubli,
Tandis qu'au centre clos
De cet exil
S'étend
La vibration du bronze.
Lundi 6 Novembre 2017, 20h02
La montagne du temps
Regarde le silence.
Je suis enfant de son offrande à la fumée des siècles purs
Qui tissent entre les nuits
Le cerisier de la lumière.
Le monde est un visage entre des mains tremblées,
Un lent brouillard ouvrant intérieurement la lampe
De ce qui sans un nom devient sourire,
Chemin de celle qui se retourne et forme dans l'absence
A travers l'aube, le signe d'un appel.
Vendredi 17 Novembre 2017, 9h45
Pour célébrer le 371ème anniversaire de la lettre de Descartes au Marquis de Newcastle, le 23 Novembre 1646 :
Être ce rêve à la bougie
Et regarder trembler le monde en un reflet
Sur le cristal de son esprit,
Ou le lointain, si proche au bout des doigts,
Ou la mémoire de ce visage
Qui fut aimé dans le silence des heures,
Ou le jardin d'hiver d'un livre aux mots intemporels,
Ou ce jardin réel imaginé,
Au mois de l'immobile,
Avec, pourtant
La neige
Interminablement.
Jeudi 23 Novembre 2017, 8h00
In memoriam Yukio Mishima
Dans le drapé de la méditation
Cheval enfant échappé au nuage,
Courant jusqu'à la mer
D'où monte à lent orage comme un volcan
Le cargo noir du dernier Ange.
Celui qui reviendra
Contemple un fin passage
Entre cette aube et les étoiles.
Il se souvient
De paroles à venir
Dans la splendeur
De la fumée
Un soir de bronze et de santal.
Dimanche 26 Novembre 2017,12h42
Pour Françoise et Jean-Louis Clarac :
Ulysse est le silence
D'où nous regarde un chat.
Ulysse, le lent pays de son regard
Glissant de loin.
Ulysse l'attente et sa lueur
Dans la statue de la fourrure où sa pensée.
Ulysse le fin pressentiment de la lumière
A la lisière de son visage.
Ulysse, le blanc chariot d'enfance
Promené sur la pierre.
Ulysse, les mains formant un dôme
Autour de son parfum.
Ulysse les pas de l'aube
Au perron du brouillard.
Ulysse le grand oiseau de neige
Où disparaît un chat.
Mardi 28 Novembre 2017, 20h20
Pour Nimrod Bena :
Marcher en terre d'attente
Avec les fleuves et les jardins à son épaule,
Marcher par le plein chant d'un astre clair
Unique enfant d'exil au bord du jour,
Marcher pour la confiance mouillée de l'herbe
Et les parfums de cendre nue devenant arbre,
Marcher comme seul un homme vibrant d'abeilles
Peut espérer sans clé rejoindre la lumière.
Jeudi 7 Décembre 2017, vers 14h
Rouge neige
Le temple ouvrant les ailes
Envol du gris
Jusqu'au baiser de la blancheur.
Vendredi 8 décembre 2017, 15h43
Il neige,
Silencieusement,
Dans la chambre aux bougies,
Chambre de bronze où la poupée vieillit
D'une éternelle jeunesse tannée
Que les encens, les fards et les offrandes ont revêtu
D'absence,
Beau masque d'os au lointain souriant,
Voilant l'ailleurs des lampes
Au plus secret.
Demeure au creux des nuits
Le papillon de ce parfum
Qui tremble et vient toucher
Les angles des visages,
Muette adoration du cercle noir
Creusant ses corridors
Tandis que lentement comme des lueurs,
Il neige,
Silencieusement.
Samedi 16 Décembre 2017
Soudain dans le brouillard d'oubli,
A la lisière de non clarté
Le grand cheval sauvage d'un arbre fou,
Et ses grelots de solitude.
Mardi 19 Décembre 2017, 19h41
Lac hivernal
Matin d'idéogramme
Sur l'étendue
Très lisse et pure,
Comme la maison des transparences
Ouverte à tout lointain,
Posée contre la paume intemporelle.
Et son royaume est un,
Sourire de celui seul qui se répand
Dans l'invisible révélé,
Très calme et lent comme un navire,
Fumée crépusculaire
Devenue lait mouvant de sa dissolution
Sur l'immobile.
Vendredi 22 Décembre 2017, 11h01
Derrière le seuil
Veille un regard,
Parfait sourire
De la lanterne
Marquant d'un signe pur
L'ailleurs de ce chemin.
Dimanche 31 Décembre 2017, 13h54